EPSON MFP image

Memory n°6

2017

21 x 29,7 cm

Gouache, papiers imprimés, photographies, cartons, calques, scotch, fils, sur papier aquarelle à grain fin 200g.

Série de six compositions constituées d’éléments graphiques et photographiques. Ceux-ci sont réunis entre eux par collages variés, traits multiples et cousus entre eux, autour d’un fil vertical représentant une ligne de temps, coupé tel extrait de son contexte. L’ensemble de la composition est entouré d’une auréole rosée, aux contours indéfinis, tel un souvenir diffus, paisible et rassurant, une forme de nostalgie.

Le projet consiste en une collecte d’éléments visuels faisant référence, pour traduire un souvenir visuellement. Les éléments en questions sont plus ou moins précis ou flous, donc coupés de manière plus ou moins nette et droite, ou au contraire déchirés. Ils se superposent en partie et sont réunis ensemble par collage, «scotchage», traits graphiques ou fils cousus, pour former un assemblage hétéroclite mais homogène. Les fils deviennent alors les liants entre ces éléments collectés, fragments épargnés permettant de garder une trace approximative du moment évoqué. Ces fils traduisent les liens entre les choses, les êtres, les événements : comme autant de rencontres, d’accidents, d’opportunités, de rendez-vous, de chemins choisis ou imposés. Les «ingrédients» sont cousus ensemble, comme reliés les uns aux autres par les fils imaginaires de la mémoire.

La réunion des fragments permet de recréer une unité, pas forcément fidèle à la réalité (pas une seule image parfaite) mais l’assemblage d’éléments divers donne du sens par leur réunion. C’est une sorte de recomposition des faits, afin de conjurer le sort et fixer le souvenir précieux, déjà en partie abîmé et morcelé. Il y a alors réparation du souvenir pour sa préservation, dans une tentative d'enrayer le processus de la mémoire. Tout comme les souvenirs, la vie ne tient qu’à un fil. Cette fragilité est traduite par le fil de lin positionné au centre de chaque composition, sorte de fil de vie dont on a extrait un morceau pour l’étudier. Cette chronologie verticale fait également référence à la nature qui pousse ses élément à grandir vers le haut, tels les fleurs, les arbres et les hommes. Il suffit alors de suivre le fil de l’histoire qui est contée dans chaque composition pour retisser le fil du souvenir exposé, comme extrait maladroitement des pensées et revenu par bribes. Bercée dans l’auréole du souvenir, la nébuleuse rosée de chair et de sang mêlés, permet une réunion plus homogène des éléments disparates. Elle les protège également.

Le format des compositions est volontairement petit car les souvenirs évoqués ne sont pas des grands moments , mais au contraire de petits détails, une ambiance, un lieu, un objet du quotidien, à regarder de près, avec attention et comme une confidence. Chaque composition ne porte qu’un numéro en guise de titre, afin de former une suite logique et pour garder poésie et “impressions” sans enfermer par un titre précis. La série est vouée à s'agrandir : il s’agit ici de six “moments” liés à une période donnée. Une autre série, intimement liée, a déjà commencé et reprendra la numérotation là où elle est arrêtée...